En rentrant de l'école, les enfants du (pauvre) bûcheron trouvèrent leur père pleurant à chaudes larmes. Prostré, incapable de parler intelligiblement, le malheureux mari n'arrivait pas à expliquer les raisons de sa grande détresse.
"Quelque chose est arrivé à notre mère !" dit l'aîné.
"Elle n'est plus là !" répliqua le puîné.
"Elle est peut-être allée faire les courses, ou boire un café chez la voisine, les rassura le cadet. Ne nous affolons pas. Calmons d'abord notre père. Il nous expliquera ce qui en retourne. "
"Tu as raison, petit frère, j'aurais dû y penser moi-même. Allons, papa, qu'est-ce qui t'arrive ?"
Entre deux sanglots, le Malheureux (pauvre) bûcheron raconta la mésaventure de la tronçonneuse made-in-China et l'abandon de sa femme.
"Je suis ruiné, se lamenta-t-il ! Bientôt les huissiers vendront aux enchères les quelques meubles qui nous restent encore et nous mourrons de faim ! "
Les sanglots du (pauvre) bûcheron redoublèrent d'intensité et ses fils aîné et puîné, accablés par la perspective de se savoir orphelins, sans domicile fixe, rejetés de tous, se mirent à pleurer aussi. Bientôt la cabane du (pauvre) bûcheron tremblait sur ses fondations de bois et si le cadet des fils n'intervenait pas, ils dormiraient tous dès le soir même à la belle étoile.
"Arrêtez de vous lamenter immédiatement ! Vous devriez avoir honte. Cela n'aide pas notre père de paniquer et de hurler de la sorte. Il faut agir."
" Facile à dire, fit l'aîné. Nous sommes des enfants ? Que peut-on y faire ?"
"Oui, il n'a pas tort, acquiéça le puîné. comment peut-on aider papa, alors que nous n'avons ni l'âge ni les qualifications pour ça."
"Ne pas avoir tort ne signifie pas qu'il ait raison, répondit le Jeune dernier. Il me vient une idée."
"Ah !? laquelle ?" firent ses frères.
" C'est trop tôt pour vous en parler. Il faut d'abord que j'étudie les chances de la voir se réaliser. Dormons d'abord et demain matin, de bonne heure je vous en parlerai. "
Ils essayèrent de dormir mais sans succès. Les cris de désespoir de leur père retentirent toute la nuit tel le bruit strident d'une tronçonneuse neuve en train de scier du bois. De guerre las, les trois garçons se résignèrent à l'insomnie.
De beau matin, le plus jeune fils du (pauvre) bûcheron exposa son plan à ses frères.
"Il faut que nous restons soudés les uns aux autres, sinon tout risque de s'écrouler. Quoi qu'il arrive vous devez m'écouter et n'obéir !"
Les deux autres furent d'accord. Sans perdre plus d'une minute ils allèrent trouver leur père qui restait prostré devant le gros poêle de la cuisine à pleurer la perte de sa femme et de sa tronçonneuse. Le plus jeune prit la parole.
"Papa, il est temps pour nous de nous montrer dignes de toi dans les dures circonstances où tu te trouve. Nous avons trouvé le moyen de te tirer de ce mauvais pas, mais pour cela tu dois faire exactement ce que je te dirai. "
Une lueur d'espoir jaillit au bout du tunnel noir où se se trouvait le (pauvre) bûcheron. Son coeur bâtit plus rapidement comme un oiseau qui se heurte aux parois de sa cage. Est-ce que son Petit Poucet lui proposait de le sortir du puits sans fond dans lequel il était tombé depuis la mort injuste de sa tronçonneuse et l'abandon de sa femme ?
"Quoi, mon fils ? Que dois-je faire s'écria-t-il d'une voix où perçait un soupçon d'hystérie. Je ferai tout ce que tu veux ! "
"Très bien, papa. Où est la tronçonneuse ? "
"Je l'ai laissée dans la grange à bois, pourquoi ?"
"J'en ai besoin."
"Mais elle ne marche pas mon garçon !"
"J'ai cru comprendre ça. Ce que je veux, c'est de la récuperer. Sa boîte ausi. "
"Pourquoi ?" s'étonna le (pauvre) bûcheron.
"Réfléchis une minute, papa au lieu de te lamenter."
"Quoi ? quoi ?"
"Tu as acheté ta tronçonneuse à crédit, non ?"
" Oui, mais..."
"Nous allons la rapporter au magasin où tu l'a achetée et nous prendrons une autre. "
" Comment ? C'est possible ça ?"
"Elle est sous garantie, non ?"
"Ben... qu'est-ce que j'en sais, moi ?"
" Tout le matériel acheté neuf est sous garantie pendant un moment. La tronçonneuse ne peut pas faire exception. Donc ..."
"Donc ? "
" Puisqu'elle est sous garantie, le magasin nous l'échangera. Au pire il proposerons d'étudier pourquoi elle est tombée en panne et nous la réparer ! "
Les paroles du Petit Poucet furent comme un souffle de vent frais qui caresse les voyageurs égarés dans le désert aride, pour le (pauvre) bûcheron. Le ciel se découvrait au-dessus de sa tête. Des larmes lui montèrent aux coin des paupières. Il se moucha bruyamment pour cacher son émotion. Il regarda ses enfants à tour de rôle et prononça enfin d'une voix fébrile.
"Tu crois que ta mère va revenir ?"
(to be continued)
En entendant cette date, Iris et Phyllis sursautèrent. Le calcul était facile à faire. Si le Capitaine disait vrai, il devait avoir plus de deux cents ans ! A le regarder le Hollandais volant n'en paraissait que trente à peine. Quel était ce mystère ?
Pendant que la Sirène des mers cherchait une solution pour fermer la faille qu'elle avait ouverte dans le continuum espace-temps afin de vaincre ses ennemis, Phyllis et le Hollandais volant préparaient la venue de la maman du petit Chaperon rouge. On lui prépara pour l'accueillir, une cabine contiguë à celle de Phyllis et d'Océane que l'on égaya avec un joli bouquet de fleurs. On nettoya le pont et la salle commune, rapiéça les voiles, briqua les cuivres et tout était fin prêt pour la recevoir. Elle devait arriver par avion, après plusieurs heures de vol et Phyllis ne voulait sous aucun prétexte rater le moment de l'atterrissage. Elle pressait tout le monde de se dépêcher, allait de l'un à l'autre pour s'assurer qu'ils avaient tout était en ordre et finissait par fatiguer Océane et Platon par ses bavardages et ses commentaires.
- Nos décisions ou nos actes ne dépendent pas toujours de nos désirs, malheureusement ! Les événéments et les circonstances de la vie font que nous devons parfois opter pour une solution plutôt qu'une autre ; si c'est à contre-coeur, nous le faisons en souhaitant le meilleur pour ceux que l'on aime. Je m'en voudrais de te faire de la peine, Phyllis. Mais, malgré mon désir de vous accompagner dans votre tournée en Europe, je ne le peux. Ne serait-ce que par égard pour mon équipage qui a besoin de moi.